Peu connus, les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont trop souvent mal dépistés. Selon les statistiques, 5 à 6% de la population française serait atteinte de TCA. Dans la pratique, les chiffres sont beaucoup plus alarmants. Des études récentes évaluent à 20% ces désordres (avec une fréquence plus élevée chez les étudiants : 22%). Ce sont donc plusieurs dizaines de milliers de personnes qui sont concernées.

Le plus souvent, on associe aux troubles des conduites alimentaires, les notions d’anorexie mentale ou de boulimie. En réalité, les formes de TCA sont plus variées :

  • l’anorexie mentale ne concerne que 10% des TCA. Il s’agit d’un surcontrôle du poids et de l’alimentation qui conduit à un amaigrissement, avec souvent des angoisses associées (peur de grossir, de vomir, d’étouffer, de manger un aliment toxique, malsain ou sans traçabilité …).
  • la boulimie (30% des TCA) s’apparente à une perte de contrôle de son alimentation caractérisée par des compulsions. La peur de grossir incite alors aux régimes successifs, à l’usage de laxatifs ou de diurétiques, aux vomissements provoqués ou aux jeûnes (des symptômes anorexiques et boulimiques associés peuvent aussi se manifester).
  • l’hyperphagie (ou BED : binge eating disorder) touche 10% des TCA et consiste en accés boulimiques mais qui sont non compensés (pas de comportements inappropriés visant à limiter la prise de poids). On estime que 70% des obésités sont liées à des hyperphagies.
  • les EDNOS (eating disorder not otherwise specified) sont les troubles les plus fréquemment observés et touchent 50% des TCA. Ce sont les « inclassables », les troubles atypiques, de forme mixte, qui ne présentent pas tous les symptômes d’une anorexie ou d’une boulimie, mais des symptômes diffus.
  • Enfin, et beaucoup plus rarement, certains TCA de forme particulière s’expriment : l’orthorexie (besoin extrémiste d’une alimentation saine et planifiée), le pica (ingestion de substances non digestes telles que la terre, la craie, le papier …), le mérycisme (régurgitations et remastications d’aliments), les ARFID (troubles de l’alimentation sélective et évitante définis depuis 2013) ou les phobies alimentaires (de se mettre à table, d’utiliser certains contenants, de manger des aliments d’une certaine couleur ou d’une certaine forme).